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Peintre et photographe : dans l'intimité des frères Caillebotte
Visions de peintres , regards de photographes
 Ils collectionnent des faïences. Ensemble ils constituent une collection philatélique de référence. Gustave est un passionné d’horticulture. Il étudie surtout la peinture à l'École des beaux-arts et expose avec les impressionnistes, dont il devient le mécène. Aujourd'hui, il incarne le peintre de la vie moderne par excellence. Qui ne s'est pas interrogé sur l'influence que la photographie a pu avoir sur les cadrages du peintre impressionniste ? Avec Gustave Caillebotte, on a effectivement tendance à utiliser le terme de cadrage plus que celui de cadre, tant le peintre découpe son champ de vision de manière tout à fait originale, qui évoque souvent « une photographie de la réalité », comme le lui reproche Émile Zola, en 1876. 
Dans le débat sur les relations entre peinture et photographie, les recherches ont surtout montré à quel point la photographie a été utilisée comme un outil pour les peintres. Les historiens ont également privilégié les productions photographiques qui s'inspirent de la peinture et revendiquent, par ce biais, leur légitimité artistique. 
Les photographes de l'époque victorienne sont étudiés en relation avec les peintres préraphaélites et les pictorialistes avec les impressionnistes ou les symbolistes. 
Comment donc envisager la photographie de Martial par rapport à la peinture de Gustave ? Ses images montrent des sujets proches de ceux que peint son frère : figures penchées au balcon, vues en plongée sur les boulevards, scènes de rue ou le pavé occupe un large premier plan, régates, intimité familiale. La première réaction est bien de vérifier si le photographe a précédé le peintre, si les photographies de Martial ont pu participer au processus de création de l’artiste, servir par exemple de support pour la mise en place du cadre ou des personnages ? 
C’est bien l’un des rôles assignés à la photographie. Dès son invention, le savant Arago la présente comme un auxiliaire des arts, des sciences et de l’archéologie. 
Charles Baudelaire veut qu’elle reste la « servante des arts et des lettres, mais la très humble servante. » 
La photographie naît à une époque où la vraisemblance est considérée comme la finalité de l’art. La précision qu’offre cet instrument dans le rendu des détails trouble maint contemporain. Cette façon de restituer dans l’image tous les éléments autour d’un sujet a quelque chose de trivial. Beaucoup assimilent la photographie au triomphe du matérialisme et à la destruction de l’idéal.